La première étape du voyage prend fin, et je fais le compte de mes découvertes ; je me repasse les merveilleux moments, ceux que la vie m’a offert.
Là-bas, j’ai gouté des fruits au goût de fleur, aux parfums subtils et envoûtants (la pomme du pays). J’ai redécouvert le gout de la banane et du fruit de la passion (maracuja comme on dit ici).
J’ai découvert mille et une beautés de la nature. J’ai découvert un monde dans le monde.
J’ai touché du bout du doigt cette culture rasta que beaucoup vénèrent, où Bob est élevé au rang de Dieu. J’ai fait mon premier tatouage sur une fille qui se cherchait à l’autre bout du monde.
J’ai fait du troc de créations, de savoir-faire. J’ai appris les arbres et plantes, et leurs pouvoirs avec mon ami Bagga. Avec lui, nos premiers bijoux de cocos et graines.
Sur la route, j’ai pris la mer et la terre. J’ai pris des vagues d’eau sur le bateau et des bouffées de chaleur et de sueur dans les bus bondés. J’ai pris la mer, même si c’est elle qui nous prend. J’ai compris ma petitesse et ma grandeur.
Des dauphins nous ont suivis, et j’ai suivi les dieudons, les tortues, les requins et tout ce que j’ai pu.
J’ai touché avec les yeux et le cœur, j’ai senti et ressenti.
J’ai dansé sur leur rythme.
J’ai profité de ce que la vie m’offrait. J’ai offert et beaucoup plus reçu en retour. J’ai laissé tomber des préjugés car j’ai compris. Tout a poussé et grandi chez moi, les cheveux, les ongles, la sagesse. Mon esprit s’est ouvert, mon regard affûté. Ma vie a perdu sa montre mais repris le rythme de la nature. J’élague les besoins superflus, me concentre sur le réel. La plénitude m’envahit petit à petit.
Mimi noix de coco
Saint-vincent et les grenadines. Joliment.
Exceptionnellement. Wonderfull comme on dit ici. Promenade dans le bush. Forêt
tropicale, jungle pas très hostile pour tout dire, mais oh combien
impressionnante, assommante de toutes ses formes et couleurs ; les fruits
poussant à flot, les multitudes d’espèces de végétaux qui s’entrelacent, s’étranglent
telle une guerre amoureuse, grandissant et grossissant en harmonie. Rébellion
de mère nature repoussant toujours plus encore les limites de sa puissance, que
l’homme laisse librement évoluer à sa juste mesure. Des rouges, des bleus, des
verts, des oranges, des roses, des jaunes, des marrons, des turquoises :
tous déclinés en une multitude de coloris, telle une palette de maitre peintre
dont les vifs mélanges éclairent la toile comme le soleil illumine le paysage.
Un jardin. « Montréal garden » plus exactement. Abrité des regards
indiscrets, perdu au sein de la montagne volcanique, allaité par l’eau de pluie
inondant sa verdure, la protégeant de la chaleur étouffante ainsi que des
rayons brulants du soleil. Progressant à travers ce labyrinthe fleuri, réelle
exposition artistique des merveilles naturelles, anarchie harmonieuse. Tant
d’informations que les yeux s’y perdent. Figés sur certains détails, courant
d’est en ouest, du nord au sud pour ne pas, maladroitement, en omettre quelques
uns. Puis la faune. Des insectes, des reptiles comme sortis de l’ère juracique,
des oiseaux. Phénomène intemporel, éblouis par cette capacité de se cacher, de
se retrancher derrière un rocher, une feuille, un cuire assorti au paysage ou
encore un plumage lorsque des ailes ont, par la force de l’évolution, poussé
ces êtres vers le ciel, s’élevant alors à la hauteur des géants du monde. Dire
que tout part visiblement du milieu sous-marin. En effet, le
« perroquet » il vient du « poisson perroquet » ? En
tout cas la ressemblance est frappante. Chaque espèce sous la mer à son acolyte
sur terre. Plus le temps passe et plus je m’en persuade. Population hors du
commun. Diversité parfois oppressante qui vogue sans frontière au gré des
courants et de l’instinct. Petits et grands profitent des avantages de chacun,
vivant en osmose dans le but que tout un chacun serve au développement de
l’autre. Loi de la nature, loi du plus fort parfois controversée par la loi du
plus rapide, du plus malin, du plus sage. Vivent les hommes à travers cet
ensemble : « les rastas » comme on les appelle. Bénéficiant des
bienfaits de la nature pour se nourrir et se guérir, ayant appris à vivre en
compagnie les uns des autres dans un espace non restreint, leur nombre ne
dépassant pas la croissance de la flore et de ses êtres vivant sur pattes.
Techniques gastronomiques ancestrales, chaque geste conserve une histoire
longue en tradition et en expérience. Très jeune, chacun à sa tache, comme
prédestiné à suivre une route certainement tracée d’embuche, dont les lignes de
mains sont peut-être moins symétriques que les nôtres. Compagnie d’autant plus
agréable quand le partage, valeur fréquente dans ces contrées sauvages, permet
l’échange et l’apprentissage. Ananas, mangues, maracujas, avocats, bananes,
goyaves, corosols, fruits de l’arbre à pin, noix de coco, oranges amères
récoltées lors de balades en pleine nature, savourés le long du chemin ou
rapportés de bon cœur au domicile pour en faire un repas commun accompagné
d’une bonne pêche et d’un « ti’ punch » pour les plus résistants ou
d’une bonne bière fraiche (HAIROUN) pour les hell’s angels (boutade HAHA). Barbecue
où red snapper, bonnites, langoustes, pagres, carangues, baracudas, requins
parfois (grrrr !!!!), tarpons, merrous, dorades, thazards, colas,
mureines, crustacés diverses, orphis géants … sont les rois de festin. [Bon
d’accord, on les a pas tous gouté au barbuc’, ni péché tout court, mais tout de
même on les a vu !!! De même que les raies qui volent littéralement dans
l’eau, aussi majestueuses que leurs consœurs les tortues.] Les copains les
chiens finissent les restes, lorsque la dose de riz au lait de coco-curry
pourrait nourrir une clonie. Après le festin, ouverture de l’atelier bijou.
Petites cocos cueilli au sein de ses origines végétales sont coupées,
épluchées, vidées, mangées, travaillées, poncées, pour en faire des bracelets. Idem
avec les toutes minis cocos qui font des bagues brut de bois, vernis à l’huile
de sa noix originelle -> pelée, « put it in a pat » (merci bagga)
= soit dans l’eau bouillante, et récupération de la couche superficielle, qui
plus légère, flotte allégrement. Merci les copains de Mayreau (Haïdi, philipa,
gael, raph’) pour votre illustration et mise en bouche, et merci à Bagga notre
grand ami pour ton aide précieuse et incontournable, ainsi que pour toutes tes
attentions magiques et remarquables. Et puis Tony aussi, pour ton développement
sur la vie au caraïbes du sud, ta vision de la politique, ton ouverture
d’esprit, ta musicalité, ta folie enjouée, ta présence rassurante à
Wallillabou, baie familiale où les rencontres y sont intemporelles, pour
laquelle mon cœur loge une attention particulière. Merci John, pour ta sagesse rencontrée
au coin du groupe électrogène du « pirates retreat », respirant les
éfluves des lampes à pétrole de tony les pieds ravagés par les
« musquitos ». Le voyage est aussi et surtout une histoire d’amitié
dont partage et rencontre en sont les maitres mots. D’expériences en
expériences, c’est la croissance de l’âme et de l’esprit. Essentiellement
marquée par les visages, les contrastes des peaux noirs-blanches-chabines,
mélanges des cultures, des couleurs, des espèces humaines-animales-végétales.
Cohabitation des êtres humains quelques soit leur origine, respect mutuel, clé
d’une société ouverte à l’autre. Vision complètement idyllique certe, mais le
bonheur égaye même un tableau noir. Vision subjective de la vie. Tendre vers un
idéal. Direction joie de vivre. Notre vision du bonheur est fondée sur ce que
nous avons vu, vécu et expérimenté. Peut-être que plus tu vois, plus tu vis,
plus tu aimes et satisfait ?..
Pétillante Clairette de Die
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